Remise des diplômes de Master en gestion de risques de catastrophes

16 mai 2022

Youmnat Ali Mohamed Gou est Majore de la promotion 2021-2022 en Master Gestion des risques de catastrophes face aux changements climatiques créé par l’Université des Comores, en partenariat avec le PNUD et le Fonds pour l’Environnement mondial (GEF). Elle nous raconte ici comment elle a travaillé dur pour parvenir à son objectif.

Youmnat Ali Mohamed Gou est Majore de la promotion 2021-2022  en Master de Gestion des risques de catastrophes face aux changements climatiques créé par l’Université des Comores, en partenariat avec le PNUD et le Fonds pour l’Environnement mondial (GEF). Elle nous raconte ici comment elle a travaillé dur pour parvenir à son objectif.

Née en 1996, Youmnat Ali Mohamed Gou a fait ses études secondaires au Groupe Scolaire Avenir à Moroni. Elle vient d’une famille modeste de 4 enfants. Son père, Monsieur Gou, comme on l’appelle affectueusement, est l’un des professeurs qui ont marqué l’histoire de l’enseignement aux Comores et le vice-doyen de la Faculté de Lettres et de Sciences Humaines à l’Université des Comores.

Un parcours atypique

Après avoir obtenu son bac littéraire en 2014, Youmnat s’est inscrite à l’Université des Comores où elle a obtenu sa licence en géographie trois ans plus tard. Comme elle n’avait pas la possibilité de continuer ses études en géographie à l’extérieur du pays et que cette possibilité n’existe pas aux Comores, elle a décidé de s’inscrire en licence de chinois à l’Université des Comores. « En 2019, lorsque j’ai appris l’ouverture d’un Master en gestion des risques de catastrophes face aux changements climatiques, je n’ai pas hésité à m’inscrire en espérant faire partie des 14 candidats et candidates retenus ».

Le déroulement de la formation n’a pourtant pas été sans défis, liés notamment à la crise de la Covid-19 avec son lot d’incertitudes. « Le niveau de l’enseignement était vraiment bon. Les enseignants étaient impliqués et certains d’entre eux venaient même de Madagascar, de La Réunion et d’autres endroits. Comme ils n’avaient pas la possibilité de venir aux Comores à cause des restrictions de voyage liés au Covid-19, les cours ont eu lieu en visioconférence. Cela a été une première expérience pour notre université, pour les enseignants et pour nous aussi. On peut dire qu’on s’en est bien sortis ! », raconte-t-elle, enthousiaste.

Un partenariat Sud-sud entre universités

La Gestion de Risques de Catastrophes (GRC) est un défi qui nécessite de renforcer les compétences dans le pays. Les capacités des différents acteurs locaux étant limitées, l’UDC et la Direction générale de la Sécurité civile (DGSC) ont décidé d’ouvrir un master en gestion de risques de catastrophes face aux changements climatiques dans la cadre du projet « Renforcement de la Résilience des Comores aux risques de catastrophes liées au changement et la variabilité climatique ». Il a pour but de doter les jeunes comoriens en capacités nécessaires pour renforcer la résilience des institutions et des communautés face aux catastrophes naturelles et aux crises.

Cet enseignement est le fruit d’une collaboration très riche, diversifiée et historique entre les universités de cette sous-région de l’Océan Indien, à savoir l’Université de La Réunion, l’Université de Mahajanga à Madagascar et l’Université de Pretoria en Afrique du Sud. L’initiative a permis des échanges fructueux dans le domaine de la GRC entre enseignants chercheurs de la sous-région. Cette réussite doit beaucoup à l’Institut international pour le renforcement des capacités en Afrique (IICBA) de l’UNESCO qui a contribué à la conception et à l’assurance qualité de ce master.

Travailler dur pour réussir

Youmnat ne s’était pas laissée décourager par le fait que ses collègues travaillaient déjà à la Direction Générale de la Sécurité Civile (DGSC) en grande majorité, ni par le fait qu’ils avaient des profils scientifiques alors que le sien était littéraire. Pour s’adapter, elle a déployé beaucoup d’efforts. « J’ai compris que pour les études, le fait d’être plutôt scientifique ou littéraire n’était pas important pour être performant ; il faut juste avoir des objectifs et de la volonté. Je voulais vraiment avoir une mention qui pourrait me permettre de continuer jusqu’au doctorat. Du coup je me suis battue pour être dans les meilleurs de notre promotion ».

Le thème de son mémoire portait sur les types de pluies qui pouvaient causer des inondations, une préoccupation constante pour les populations des Comores en lien avec le changement climatique et l’aménagement du territoire. «  Chaque année, aux Comores, on se retrouve avec des inondations qui détériorent les conditions de vie des populations et les appauvrissent. La cause principale est notre manière d’aménager notre territoire sans prendre suffisamment en compte les contraintes naturelles. Une même quantité de pluie peut causer des inondations à Moroni, ce qui n’est pas le cas dans une autre ville à Anjouan par exemple ».

À Ngazidja, c’est dans la région de Hambou et Bambao que les inondations sont les plus fréquentes. Dans ces zones on a une concentration démographique importante couplée à des sols fortement imperméabilisés par les cendres volcaniques, ce qui concourt à ce qu’une pluviosité relativement faible peut causer des inondations.

« Contrairement à Ngazidja dont le sol est fortement poreux et perméable, la nature pédologique d’Anjouan couplé avec sa topographie montre un taux de ruissellement important d’où la fréquence des inondations. Quant à l’ile de Mohéli, le sol relativement meuble et sa topographie faible font qu’on y enregistre moins d’inondation que sur les autres îles. »

Youmna espère décrocher un poste au sein de la Direction Générale de la Sécurité Civile et sauver des vies, mais elle ne compte pas s’arrêter là. « Dans l’avenir, j’aimerais soutenir une thèse de doctorat. Cela me rendrait vraiment fière vis-à-vis de mon père qui m’a beaucoup soutenu dans mon parcours. Il a toujours rêvé d’avoir un doctorat, mais n’y est pas parvenu, faute de moyens. Ce sera comme si je réussissais là où il n’a pas eu l’opportunité de le faire » conclue-t-elle.